Né en 1955, le Père Michaêl Najeeb est un enfant de Sanate, un village assyro-chaldéen niché dans les montagnes kurdes, une région de monastères à la frontière de l'Irak et de la Turquie. En 1980 il fait son noviciat au Couvent de Lille avant de rejoindre le Couvent Notre-Dame de Mossoul.

Abouba Najeed, comme on l'appelle ici, est l'une des figures des minorités religieuses d'Irak et leur porte-parole, et surtout le gardien de la mémoire des Eglises d'Orient.

Depuis 25 ans, le Père Najeed mémorise le patrimoine écrit des Syriaques, des Chaldéens, des Arabes et des Arméniens pour le sauver des fanatiques, des mites et de l'humidité. Une oeuvre colossale entreprise à Mossoul au CNMO, Centre numérique des manuscrits orientaux, qu'il a fondé en 1990 et qui sera déménagé en 2003 à Qaraqosh puis à Erbi après le 6 Août 2014.

                          DE MOSSOUL à ERBIL EN PASSANT PAR QARAQOSH

 Avant la guerre une collection de 809 manuscrits était soigneusement entretenue dans la Bibliothèque des Dominicains de Mossoul, en Irak. Des ouvrages du XIIIe au XVIIIe siècle, issus du monde musulman et du monde chrétien. Des ouvrages d'art. Des ouvrages de grammaire, de poésie arabe, de médecine, de littérature, de liturgie, de musique...qui témoignent de l'incroyable goût de ces frères prêcheurs pour la connaissance et la richesse de la culture orientale.

En 2003, l'Irak sombre dans le chaos. Et les minorités chrétiennes deviennent des cibles privilégiées pour le fondamentalisme.

En 2007 les menaces se précisent. Le père Najeeb senfuit avec les manuscrits à quelques dizaines de kilomètres de là, à Qaraqosh.

Mais Qaraqosh n'est qu'un répit.

En 2014 les autodafés deviennent légion du groupe Etat islamique. Daech a déjà détruit un grand nombre de trésors culturels pré-islamiques et des sanctuaires chrétiens, juifs, musulmans considérés comme idolâtres ou hérétiques par les jihadistes.

Début Août 2014, à l'approche des islamistes le père Najeeb charge dans des camions tout ce qu'il peut de manuscrits et s'enfuit de la plus grande ville chrétienne d'Irak. En chemin il entasse au milieu des livres et des archives  les femmes et enfants errant sur les routes, terrorisés à la vue des drapeaux noirs de Daech.

Direction Erbil.

" Daech est entré dans Qaraqosh le 6 Août 2014 alors que j'avais fui la ville trois heures plus tôt " témoigne le père dominicain. Mais plus de 1.500 ouvrages partent quand même en fumée.

Aujourd'hui les manuscrits qui restent sont à l'abri dans un lieu secret au Kurdistan irakien.

Quand il quitte son bâton de pèlerin, le père Najeeb vit à Erbil-Ankawa. Entouré de bénévoles et d'ONG, il s'occupe des chrétiens qui ont fui les massacres de Daech et continue de veiller sur les précieux livres sauvés

Ci-dessous. L'Eglise Notre-Dame de l'Heure. Construite en 1872 par les pères dominicains. La cloche de la tour a été offerte par l'Impératrice Eugénie en remerciement du dévouement des pères lors de l'épidémie en 1879.

En 2008 la tour est sérieusement endommagée et en 2015 elle est complètement détruite.

Les frères dominicains italiens ont fondé l'antenne de Mossoul en 1750 sous la protection de Saint Dominique et Saint Hyacinthe. Au bout d'un siècle, en 1859, la province d'Italie fait appel à la province de France pour la remplacer à Mossoul.

 LES 7 FAC-SIMILES  DU COUVENT NOTRE-DAME DE L'HEURE EXPOSES AUX ARCHIVES NATIONALES  -- HÔTEL DE SOUBISE  --  AVEC QUELQUES AUTRES TRESORS.....

Vers 1200 la plupart des institutions monastiques semblent se replier sur elles-mêmes. Un besoin de renouveau spirituel se ressent aussi bien au sein de l'Eglise que parmi les couches populaires de la société. C'est dans ce contexte qu'apparait en 1215, sous l'impulsion de Saint Dominique, l' ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs ( O.P ) plus connu sous le nom d'ordre dominicain et qui se caractérise par une lutte sans relâche contre l'hérésie cathare ainsi que par un mode de vie apostolique.

Comme l'ordre des Frères mineurs ou franciscains, il appartient à la catégorie des ordres mendiants, proche de la population.

Les dominicains sont des religieux, pas des moines : ils ne prononcent qu'un seul voeu, celui d'obéissance, les voeux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font pas voeu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.

Dans le monde, 6.000 frères, 4.000 moniales mènent une vie communautaire et contemplative.

3.800 soeurs apostoliques sont présentes dans les pays les plus pauvres au milieu des défavorisés.

Entre 70.000 et 100.000 laïcs dominicains (très présents au Vietnam) vivent selon l'esprit de son Fondateur : annonce de l'Evangile, vie fraternelle, prière personnelle et liturgique, étude de la Parole.