Sur cette photo prise dans le hall d'embarquement de l'aéroport d'Abu Dhabi, le Dimanche 23 Octobre 1977, on voit pour la dernière fois le Ministre d'Etat des Affaires Etrangères, Son Exc. Saif Saeed GHOBASH AL MARRI, avec le ministre Syren des Affaires Etrangères Abdul Halim Khaddam en visite officielle et qu'il tenait à saluer avant son départ. i 

Dans quelques instants il tombera sous les balles d'un terroriste. Touché au bras et à la poitrine, transporté dans un hôpital militaire voisin il devait succomber à ses blessures, la balle ayant traversé son coeur ... Il semblerait que les balles aient été destinées à son homologue syrien. Il fêtait la veille ses 45 ans et laissait une veuve avec 3 tout jeunes enfants qu'il adorait. Le futur Ambassadeur Omar Saif avait 6 ans et on l'avait ramené de l'école ainsi que sa soeur et son frère pour leur expliquer le drame mais ils ne comprenaient pas grand chose sauf que leur père ne rentrera plus jamais à la maison. De LUI il ne leur restera que le souvenir de ses yeux, de son odeur, de sa peau, de ses mains, de ses bras éperdus de tendresse et d'amour, les étreignant jusqu'à en perdre le souffle....

LUI, le Juste d'entre les Justes, touché injustement en plein coeur par un desperado Palestinien de 19 ans ! LUI qui avait pris à coeur de défendre ce peuple  envers et contre tous, et surtout contre eux-mêmes.

Il était dans la force de l'âge...

Il venait de ce minuscule Emirat septentrional appelé "Sommet de la Tente" : des dunes de sables égarées entre flots et cieux, adossées aux Monts Hajar qu'on croyait indomptés. Ayant perdu ses parents à 12 ans il  alla vivre avec sa tante à Dubai où il acquit une solide base d'arabe à l'école Al Ahmedi tout en suivant le soir des cours d'anglais. En ce temps là Dubai n'était point le Pays de Cocagne .

Alors il décidait de faire le tour de la terre pour assouvir sa soif inextinguible de comprendre et d'aimer. Sa route n'était point facile. Il dormait dans les mosquées à Bahrein, travaillait dans les mines de charbon en Allemagne. Sans doute par pudeur nous taisait-il d'autres privations et souffrances. Mais il n'a jamais perdu l'Espérance et sa Foi si bien ancrée en lui, comme les racines millénaires des banians sur les ruines d'Angkor.

Pour cet humaniste du Siècle des Lumières la Mort devait s'ouvrir comme un arc-en-ciel sur l'aube universelle. A ses enfants bien-aimés il légua pour toute fortune son Siècle fulgurant et ses Lumières. Il leur faudrait, seuls désormais, terminer ce fil de soie et d'or, imprégné de sueurs, de persévérances muettes et invincibles, qu'il avait commencé à tresser depuis des lustres pour relier son monde surgi des Sables à un monde de Liberté et de Raison.

                  1989_1992  BALLIOL COLLEGE - UNIVERSITE D'OXFORD

Après un pèlerinage à la Mecque, le jeune Omar Saif retourne en Angleterre et s'inscrit à Oxford pour un BA en droit. Il était au Balliol College, Turl Street, non loin de Broad Street, en face de Trinity College son rival.

Comme son frère il a comblé les voeux de Son Père, courageux autodidacte sans fortune qui rêvait pour ses enfants les meilleurs Collèges et Universités du monde.

Balliol a été fondé en 1263 par Jean de Bailleul, seigneur écossais d'origine picarde, sous la férule de l'évêque de Durham. Après sa mort, le 25 Octobre 1268, sa veuve Derborgail de Galloway rend la fondation définitive en lui apportant des biens.

Au XVIe siècle le Collège se signale par sa fidélité à l'Eglise catholique et sa résistance à l'anglicanisme. La première Révolution anglaise en 1642 oblige le College de soutenir la Couronne par un "prêt" de ses réserves d'or et d'argent - prêt non encore remboursé de nos jours.....

L'incendie qui ravage Londres du 2 au 5 Septembre 1666 et détruit tous les immeubles de rapport du College, finit de ruiner l'établissement.

S'ensuivent des décennies de manques et de pauvreté.

C'est seulement au début du XVIIIe siècle que les finances ont pu être redressées .

A partir du XIXe siècle le College va inspirer en partie le social-libéralisme. 

On compte parmi ses Maîtres le philosophe Thomas Hill Green (1836+1883) très influencé par la métaphysique de G.W.F Hegel, Arnold  Toynbee (1852+1883) l'historien de l'économie dont les disciples sont A.V. Dicey (1835+1822) qui avança l'idée de Rule of law (Etat de droit) et le premier ministre Herbert Henry Asquith (1852+1928 1er Comte d'Oxford et Asquith). Mais le Maître qui fit la renommée de Balliol est incontestablement Benjamin Jowett (1870+1893), spécialiste de Saint Paul, Platon, Kant et Hegel.

     First come !  My name is J-W TT   There's no knowledge but I know it

     I am master of the College    What I don't know isn't knowledge

Traditionnellement les étudiants de Balliol sont les plus politiquement engagés :

Ils ont "la conscience tranquille d'une supériorité sans effort"

          (the tranquil consciousness of an effortless superiority)

Quelques élèves illustres dont cinq Prix Nobel

 - Edward Heath (1916+2005) Premier Ministre 1970_1874

 - Harold Mcmillan (1894+1986) Premier Ministre 1957_1963

 - le Roi Harald V de Norvège né en 1937

Presque une décade passée dans la verdoyante Angleterre, dans les cercles britanniques les plus huppés !  On comprend mieux notre "brillant polyvalent" comme l'appelle l'Emir Al Qassimi, homme d'affaires, diplomate sans langue de bois, arabe libéral - "libéral accidentel" : voici le nouvel Ambassadeur des EAU à Paris la Ville Lumière.

       I wander'd lonely as a cloud

       That floats on high o'er vales and hills

       When all at once I saw a crowd

       A host of white daffodils

       ......

      And there my heart with pleasure fills

      And dances with the daffodils      

Ce livre est surtout dédicacé à Sa Maman, à cette grande Dame russe  qui a su si bien comprendre et exaucer les voeux de son défunt époux. Elle a continué d'élever seule ses 3 enfants dans le respect de la religion de leur père, les a amenés jusqu'aux Universités dont il rêvait  dans sa jeunesse démunie.

 La Nation  se souvient aussi de ce grand et courageux citoyen en donnant son nom à un Hôpital et une rue :

SAIF bin GHOBASH Hospital   Oman Road - Al Nakheel  - Ras Al Khaimah .

 SAIF GHOBASH Street    Abu Dhabi  . Inaugurée le 18 février 2014

Le regretté cheikh Zayed a tenu qu'il y ait une chaise au nom de son diplomate à l'Université de Georgetown à Washington.

L'Ambassadeur Omar Ghobash sponsorise le Prix Saif Gobash Banipal pour la traduction littéraire arabe et le Prix international de la fiction arabe soutenu par le Booker Prize à Londres.

Outre d'importantes responsabilités dans des organismes internationaux, Son Exc. a créé une des premières, sinon la première  galerie d'Art contemporain basée à Dubai.

The Third Line Art Dubai . Street 6 Al Quoz 3    Tél. +971 4 341 1307

http://www.banipaltrust.org.uk/prize/award2017.cfm

http://www.arabicfiction.org/en/winner-newsstory-2017

Je n'ai pas encore lu ce livre.

Je vois des traductions turque, espagnole, allemande....mais pas de française.

Mais j'ai suivi les interviews et lu les compte-rendus.

J'ai aimé l'interview du juriste d'Oxford, Nasser Ali Khasawneh

 http://globalcomment.com/say-hello-to-the-new-global-comment-podcast/