Les 350 royaumes qui existaient à l'époque des Indes orientales néerlandaises ne correspondent pas à la notion occidentale et européenne de Royaume. Ce sont des fiefs autonomes que les Pays-Bas ont su associer à leur développement, respectant leur droit coutumier, faisant d'eux des interlocuteurs privilégiés, confirmant ainsi leur statut d'Etat princier. On notera que les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, monarchies constitutionnelles ne s'étaient pas enlisées dans les interminables et sanglantes guerres d'Indépendance, comme celles d'Indochine et d'Algérie qui ont déchiré la République Française.
Avec la proclamation de l'indépendance et la création de la République d'Indonésie en 1945 les Etats princiers ont été abolis. En dehors de Java ils sont devenus des kabupaten ou départements. Mais il n'y eut jamais de nationalisation sauvage comme en Europe de l'Est par ex.
Un demi-siècle après, il subsiste encore 300 familles princières respectées comme figures locales, tenant tant bien que mal leur rang avec beaucoup de dignité et de discrétion.
Ainsi le sultan de Bima dans l'île de Sumbawa ou le prince de Kupang
dans l'Ouest de Timor ont toujours été respectés comme personnalités locales voire nationales comme le sultan de
Yogyakarta.
La plupart ont pu conserver la demeure de leurs ancêtres. Entretemps les Princes envoient leurs enfants dans les écoles et
les Universités de la République. Ainsi les amis de ma génération (qui approche de "l'octantaine") puis leurs enfants, ont pu acquérir des diplômes universitaires et exercer un métier ou une
profession, même les filles. La génération suivante a pu fréquenter les Universités australiennes ou canadiennes.
Depuis la démission du président Soeharto en 1998, un mouvement essaie de faire revivre ces anciens Etats princiers. On a enfin compris que ces Etats
princiers incarnent l'Histoire profonde de l'Indonésie moderne et qu'un pays sans passé est un pays sans avenir.
En 1999, le sultan de Ternate dans les Moluques a essayé de se
faire nommer gouverneur de la province des Moluques du Nord.
En 2001 le bupati (préfet) de
Kutai Kertanegara a rétabli le sultanat du même nom. Le palais princier étant transformé en musée on a construit un autre palais flambant neuf, inauguré en 2002, pour
le Sultan Aji Muhammad Salehuddin II, neveu du dernier Sultan Aji Muhammad Parikesit
(1920-1960).
En 2003, le prince de Mempawah à Kalimantan occidental s'est
présenté aux élections de préfet.
En 2004 un nouveau sultan est intronisé à Pontianak, capitale de la province du Kalimantan occidental, dans
l'île de Bornéo. Hasan de Tiro dirigeant du GAM (mouvement indépendantiste) voulait même faire renaître le sultanat d'Aceh.
En 2007, le parlement indonésien a voté une loi reconnaissant formellement les 300 Cours existant encore dans
le pays. Cette loi permet à ces Cours de demander un soutien du gouvernement pour la préservation ou la restauration des palais et le
financement des Festivals (Festival Keraton Nusantara ou Festival des Cours Royales d'Indonésie). C'est surtout le retour aux sources.
Le nom de Kutai subsiste dans celui de trois kabupaten (départements) de la province de Kalimantan oriental dans l'île de Bornéo : I/ Kutai Barat, occidental. 2/ Kutai Kartanegara. 3/ Kutai Timur, oriental.
Le royaume de Kutai se divise en 2 périodes :
I. Période de Kutai Martadipura.
D'après les découvertes archéologiques à Muara Kaman, le Royaume de Kutai est le plus vieux de l'Indonésie : Vè ou IVè
siècle ap. J.-C. Quatre poteaux sacrificiels de pierre (appelés yupa en sanscrit), datés environ 400 ans après J.-C. louent, en pallava et en sanscrit, la générosité envers les brahmanes
du roi Mulawarman, fils du roi Aswawarman et petit-fils du roi Kudungga. Les yupa révèlent que le roi avait donné aux brahmanes de
l'or et vingt mille vaches sur un terrain sacré, le Vapakesvara, dédié à Shiva.
Suivent 1.000 ans de silence.
II. Période de Kutai Kartanegara Ing Martadipura.
L'origine mythique et la généalogie de la maison royale sont décrites dans le Salasilah Kutai, écrit en malais parsemé de mots provenant du
malais et du parler Kutai.
Le royaume de Kutai Kartanegara a été fondé par le roi Aji Batara Agung Dewa Sakti qui règna de 1300 à 1325.Le poème épique
Nâgarâkertagama, écrit en 1365 dans le royaume javanais de Majapahit, le mentionne parmi les "contrées tributaires" de Java.
Au XVè s., le roi Aji Pangeran Sinum Panji Mandapa conquiert le royaume de Kutai
Mardipura, l'intègre à son royaume qui s'appelle désormais Kutai Kartanegara Ing Martadipura.
LE ROYAUME DE KUTAI DE 1860 A NOS JOURS.
Le Sultanat de KUTAI KERTANEGARA se trouve dans la province de
Kalimentan oriental, Île de Bornéo. Au nord : Malinau et Kutai oriental. Au sud : Ville de Balikpapan. A l'est : Détroit de Makassar.
A l'ouest : Kabupaten de Makassar.
Sa capitale Tenggarong, sur le fleuve Mahakam,est le chef-lieu de la province. 398 km2. 67.000h.(2005)
Dans les années 20, les royalties du pétrole firent du Sultan de Kutai, Aji Muhammad Parikesit l'homme le plus riche des Indes néerlandaises. Bien que les Cours royales aient été supprimées après la proclamation de la République et que le gouvernement indonésien ait aboli le Sultanat de Kutai en 1960 dans le cadre d'une politique "anti-féodale" et centralisatrice, le Sultan A.M. Parikesit était resté le chef de la Maison Royale jusqu'à sa mort en 1981. De 1981 à 1992, le Sultan Aji Ipe lui a succédé. Ensuite, l'actuel Sultan Haji Aji Muhammad Saleh ud-din II, son neveu, à partir de 1992.
En 2001 le Sultanat est rétabli. En 2002 le kabupaten lui offre un Kedaton
tout neuf à l'intérieur d'un parc touristique au bord du fleuve Mahakam.
Dans le cadre de l'autonomie régionale le kabupaten reçoit une part non négligeable des revenus pétroliers et Tenggarong
est devenue une ville moderne ressemblant aux villes de la Guinée équatoriale.
Le Prince héritier de Kutai et son épouse en tenue de mariés, vers 1885. Ce prince Ali Muhammad Alimuddin a régné de 1899 à 1910. Il avait marié sa fille Aisiyah, titré Aji Resmininpuri à un Ulema yéménite, Muhammad ibn Yahya qui l'avait guérie de sa maladie. Fou de joie il le récompensa et lui donna le titre royal de Raden Syarief Penghulu. On appelait l'heureux élu Pangeran Noto Igomo car le Sultan le nomma Conseiller pour les affaires islamiques. La princesse Aisiyah était la soeur du dernier Sultan Aji Muhammad Parikesit (1920-1960). Photos Trophenmuseum, Avec notre reconnaissance.
^^^^ Le Sultan Aji Muhammad Parikesit et son épouse.
<< à g., le Sultan et quelques princes de Kutai.
En 1946, le South East Asia Command des Alliés, qui avaient débarqué peu de temps après la capitulation japonaise, rend
aux Hollandais l'autorité sur les anciennes Indes néerlandaises sauf Java et Sumatra. On voit ici les lanciers du Gouverneur général, le Dr. H.J Mook, défilant à Samaranda
le 25 Août 1947. Le royaume a alors le statut de Daerah Swapraja "région administrative
autonome"
EURAU : DESORMAIS LES GUERRIERS DANSENT POUR LA
PAIX.
L'EURAU (EROH) signifie foule, joyeuse, bruyante et se tient chaque année à Tenggarong pour fêter la fondation du Royaume. Fête traditionnelle où spectacles, expositions exaltent la culture malaise et dayak.
La légende débute au 13è s. dans le Royaume Kutai Karta Negara Ing Martadipura situé alors à Tepian Baru ou Kutai Lama. Elle exulte la grandeur du 1er
Sultan qui, dit-on, descend de Dieu.
Dans un village nommé Jaitan Layar, sur le versant montagneux de l'est de Kalimantan, vivait un couple royal marié depuis quelques années et
n'arrivant pas à avoir d'enfant. Une nuit, ils trouvèrent devant leur porte une boite en pierre dorée et à l'intérieur un bébé enveloppé dans une couverture dorée, à sa droite, un oeuf et à sa
gauche un poignard en or. Surgirent alors 7 Divinités, l'une d'elles leur dit : remerciez les Dieux, vos prières ont été exaucées. ce bébé est un descendant de Dieu. La Ière cérémonie de l'Erau
conduite par les villageois de Jaitan Layar, suit les recommandations des Dieux quant à la manière d'élever et d'honorer l'enfant divin. Ces rites perdurent à travers les
siècles.
Le bébé était nommé Aji Batara Agung Dewa Sakti et devint plus tard le premier Sultan de Kutai Kartanegara
(1300-1325). Il se maria à une belle princesse, Putri Karang Melenu, qui descendit aussi de Dieu. Le couple eut un fils nommé Aji Batara Agung Paduka Nira.
Ci-dessus : Tribu Dayak venu pour l 'Erau dans les années 40. Chaque intronisation était commémorée par la cérémonie de l'Erau qui dure de 7 à
40 jours suivant l'état des finances du Royaume. La dernière cérémonie de l'Erau datait de 1965, bien que les états princiers aient été intégrés au kabupaten depuis
1960.
Quelques années plus tard, par souci de préserver la culture Kutai, le Dr. H.Achmad Dahlan, bupati de Kukar
Regency décréte qu'une Biennale de l'Erau commémorera désormais la fondation de la capitale Tenggarong, le 28 Septembre 1782..Sur les conseils du dernier Sultan Aji Muhammad Parakesit il est
convenu que certains rites ne doivent pas être exécutés tel le tijak kepala ( "marcher sur la tête" c-à-d poser le pied sur un crâne
humain vivant puis mort) ou l'investiture des titres. La première Biennale eut lieu en 1971.
L'ERAU moderne, entre autres commémorations et réjouissances, comporte le Belimbur où les participants s'aspergent d'eau
et surtout le Mengulur Naga, le déroulement du dragon sur le fleuve. Ces 2 rituels marquent la fin des festivités.
Le Kalimantan occidental ou barat (créé en 1956) s'étend entre 108° et 114° de longitude est et entre 2°6' de latitude nord et 3°5' de latitude sud. Elle est traversée en son milieu par l'équateur. Elle est bordée à l'ouest par la Mer de Chine du Sud, à l'est par les provinces de Kalimantan central et de Kalimantan oriental et au nord par la frontière avec la Malaisie.
153 564 km2 . 4 052 345 habitants en 2005. 26
hab./km2. Capitale : Pontianak
Le Sultanat de Pontianak est situé dans la province de Kalimantan occidental, (créée en 1956), dans l'île de Bornéo.
Le palais Kadriah (du nom du fondateur Abdurrahmann al Kadrie) se trouve dans la ville de Pontianak, capitale de la province.
En 1771 Abdurrahmann al Kadrie, un aventurier de l'Hadramaout, se disant descendant du prophète, fonda Pontianak sur l'emplacement d'un ancien comptoir maritime, attiré par les rumeurs de mines de diamant dans l'ouest de Bornéo. Il épousa d'abord une fille du prince de Menpawah puis une fille du sultan de Banjar, ce qui légitima sa position. En s'alliant à la VOC, Compagnie néerlandaise des Indes orientales, celle ci le reconnut comme sultan de Pontianak en 1779.
Avec l'appui des Hollandais le Sultanat a eu des heures glorieuses avec la prise aux Bugis, de Sambas, dans le nord, et la destruction du royaume de Sukadana dans le
sud..
Sultan V Syiarif YUSUF (1873/1895) né en 1850.^^
Sultan VI Syiarif MUHAMMAD (1895/1944) >>>
à gauche: le Sultan Hamid II, né Syarif Abdul Hamid Alkadrie, une figure marquante du XXè s.
à droite : son épouse, Dina (Didi) van Delden. Née le 5
Novembre 1915 dans une plantation de Surabaya, bien que hollandaise, elle descend du Raja de Sidenreng (SW Sulawesi), La Wawo qui régna de 1831 à 1837. Le 23 0ctobre
1945 elle reçoit le titre de Sultane Mas Makota. Elle a donné au Sultan une fille et un fils : Pangeran (Prince) Syarif Max Yusuf Alkadrie.
Pour des raisons de sécurité le Sultan Hamid les avait envoyés tous les 3 en Hollande avant le départ définitif des néerlandais d'Indonésie. Ils n'ont jamais revu la terre de leurs
ancêtres mais ils la portent précieusement dans leur coeur. La Sultane est décédée le 19 Juin 2010 dans sa maison
de Den Haag, à 95 ans. Une statue est érigée dans le jardin du Palais de Pontianak, à sa mémoire.
Né le 13 Juillet 1913 et mort le 30 Mars 1978 à Jakarta, le Sultan Hamid II né Syarif Abdul Hamid Alkadrie, a régné de 1945 à 1950. Il était le fils du Sultan Syarif Muhammad (1815-1944), et succédait à son frère aîné le Sultan Syarif Thaha (1944-1945). Du sang malais et arabe coulait dans ses veines. Jusqu'à l'âge de 12 ans il était élevé par une nourrice écossaise, Salomé Catherine Fox et une anglaise expatriée, Edith Maud Curteis. Aussi parlait-il couramment l'anglais. Après des études à Jakarta et Bandung, il s'inscrivait à l'Académie Militaire de Breda en Hollande. Il était reçu au grade de lieutenant dans la Royal Dutch East Indies Army.
Dès l'invasion japonaise en 1942 il était interné pendant 3 ans alors que 28 membres de sa famille et son
professeur, Miss Curteis, étaient massacrés par les occupants. Son père, 2 de ses frères et une grande partie de l'élite Malaise de Kalimantan étaient aussi exécutés à la suite des
incidents survenus à Pontianak. Libéré et promu colonel, le 29 Octobre 1945 il était intronisé Sultan Hamid II de Pontiak. Il était aussi le seul Président de l'Etat du Kalimantan Occidental de
1946 à sa dissolution en 1950.
En 1953, le Sultan Hamid II est condamné à I0 ans de prison pour avoir pris le parti des Hollandais lors de la
"Revolsi", lutte pour la défense de la jeune République d'Indonésie (1945-1949).
En 2013, soit 60 ans plus tard, l'accès à certains documents permet de laver l'honneur du Sultan Hamid II. il n'était
pas le traître à son pays comme on avait voulu le faire croire, mais prosaïquement il a été jugé pour l'exemple....Par bonheur il n'y avait pas encore d'apprenti Robespierre en Indonésie : ce
pays de vieux sauvages est quelque part, un peu plus civilisé que le vieux pays de blancs pas sauvages.......du moins jusqu'à l'arrivée du tandem CIA-Soeharto. La suppression du Parti communiste
(PKI) et la chasse aux sorcières qui s'ensuit, ont fait entre 500.000 et un million de victimes. Même plus.
Pangeran Syarif Max Yusuf Alkadrie,->
fils du Sultan Hamid II, est retourné en Avril 2012 en Indonésie. Il a vu l'historien Henny Mahendra de
Jakarta pour rétablir la vérité sur le Sultan.
Le 15 Janvier 2004, un nouveau Sultan a été intronisé à Pontianak : Sultan SYIARIF ABUBACAR ALKADRIE, neveu du Sultan Hamid II.
Mempawah vient de Mempauh, un arbre qui poussait autrefois en amont du fleuve du même
nom.
Située à 65 km au nord-ouest de la capitale Pontianak, elle est le chef-lieu de la province de Kalimantan
occidental. La principauté de Mempawah était autrefois vassale du sultanat de Pontianak.
Selon la tradition, une principauté dayak est fondée vers 1340 après J.-C, près des monts Sidiniang, issue de la division du royaume de Tangjungpura. Son premier souverain est nommé Patih Gumantar. Il aurait correspondu avec Gajah Mada, le grand premier ministre du royaume de Majapahit. Il serait mort vers 1400 à la suite d'une révolte populaire.
Vers 1600 Kudung, souverain dayak, règne. Il meurt en
1680. Son successeur, Senggauk, s'établit en amont de la rivière Mempawah. Une de ses petites-filles,
Kesumba, épouse un prince de Luwuk de l'île de Sulawesi, Opu Daeng Menambon dont la tombe est sur une colline près de
Suap.
A la mort de ce dernier en 1766 son fils monte sur le trône sous le titre de Panembahan (prince) Adiwijaya Kesumaja.
En 1840, le prince Gusti Jati est intronisé. Il installe sa cour à l'emplacement actuel de Mempawah.Sous son
règne il est attaqué par le sultan de Pontianak.
En 1944 le prince Gusti Muhammad Thaufiq Accamuddin est arrêté par les occupants
japonais.
La principauté est dissoute en 1945, à la proclamation de l'indépendance. Le prince héritier et chef de famille
est Jimmy Ibrahim qui a essayé de jouer un rôle politique en se présentant à
l'élection du bupati (préfet). Il est mort en 2005 .
Le Prince RATU MULAWANGSA est le 13è Roi du Royaume de MEMPAWAH.
Né à Pontianak le 19 Mars 1960 et prénommé Mardan Adijaya il est le second fils de Gusti Jimmy Mohammad Ibrahim, 12ème Roi sous le nom de Panembahan (prince) Mohammad Ibrahim et de son épouse la reine Harmini.
Le 12 Août 2012, le Prince est couronné Roi de Mempawah sous le nom de Prince RATU MARDAN ADIJAYA KESUMA
IBRAHIM.
C'est un souverain surdiplômé qui a fait ses études scientifiques à l'Université de New Brunswick au Canada. En 1985, après son Bachelor Degree of Fisheries and Marine Resources il épouse le
Docteur Ir ARINI MARIAM. Ils ont 3 enfants : Princesse Sei Negare, Prince Wirabuana, Prince Jayakerta.
Le Prince a 3 frères : l'aîné, Prince Gusti Agus Muharso Taufik, SE Titien Lestari, le 3è et MM Dra. Padmi Yanuarni Chandramidi le 4è.